« Le langage utilisé dans cette brochure pourrait bien devenir rapidement suranné, à mesure que la communauté de genre s’agrandit et s’organise -ce qui est un problème merveilleux »
Leslie Feinberg in : « transgender liberation : a movement whose time has come » 1992
Mon initiative n’est pas isolée, elle fait partie d’un certain nombre de recherches, réflexions et expérimentations qui fleurissent et foisonnent et dont ol est inenvisageable de faire l’inventaire. J’en mets ici quelques unes en lien, c’est bien sûr loin d’être exhaustif !!! Si vous avez envie de partager encore d’autres démarches du même type, que ce soit en Français ou dans une autre langue, écrivez-moi !!!
« Non, le masculin ne l’emporte pas…
… sur le féminin. »
Vues depuis ma position de personne non-binaire, ces démarches ont longtemps été frustrantes en cloisonnant le sujet à une opposition homme/femme. Ol n’empèche qu’à force de creuser le sujet, je considère ces premières remise en cause de la place du masculin comme parentes de la mienne.
Ces premières références sont donc dans une pensée très binaire homme/femme, et valent quand même le coup d’être abordés pour resituer nos mobilisations actuelles dans un cheminement historique.

Les essais de et avec Eliane Viennot
« Eliane Viennot est professeuse émérite de littérature de la Renaissance. […] elle s’intéresse plus largement aux relations de pouvoir entre les sexes et à leur traitement historiographique sur la longue durée. »
Ces écrits sont, entre autre, vraiment éclairants sur les emprises de pouvoir qui se sont joués autours du Français notamment à la grande époque de Mot-l’hier. (le jeu de mot naze est de moi).
« le ministre est enceinte « : Par Bernard Cerquiglini.
Ce livre nous raconte l’épopée que ça a été de juste faire reconnaître par les hautes institutions la féminisation des noms de fonctions relevant de pouvoir ou de prestige « habituellement » masculins (la ministre, la préfète, l’auteure/autrice). Donne un bon aperçu des coulisses du pouvoir autours de cette question et du génie de mauvaise fois argumentaire qui peut émaner de pontes de l’Académie Française. L’auteur est un homme cis blanc identifiable comme allié de la féminisation.
Les autres modèles de neutre :
Quand j’ai commencé mes recherches sur ce qui existait déjà en Français en genre neutre, j’ai trouvé plein de vocables et de terminaisons qui popaient, mais peu de modèle complet qui propose une façon de créer un neutre aussi commode à l’écrit qu’à l’oral. Voici un petit panel de ce que j’ai trouvé jusque là :
c’est à ce jour, avec le neutre en i et l’ingenré, le modèle de neutre qui me semble le plus complet et commode à l’oral autant qu’à l’écrit dont j’ai connaissance. Et en même temps, je n’ai personnellement pas réussi à m’en emparer complètement, peut être, parce que je n’ai pu me basser que sur des extraits. J’attends la réédition… ou le prêt par quelque visitorze ;-p !
« Alpheratz est doctoranx en linguistique et mène son activité de recherche au sein du laboratoire STIH de Sorbonne Université. Al conceptualise le français inclusif et le genre neutre […] En 2015, al publie « Requiem », roman qui (ré)introduit en littérature française le genre grammatical neutre et le développe par un système dit « système al ». Ses recherches lui permettent de développer un lexique de genre neutre et de conceptualiser le français inclusif dans la « Grammaire du français inclusif » (épuisée), parue aux Editions Vent Solars en 2018. La seconde édition est en cours de préparation. »
le neutre en « i » par la fabrique du neutre
À l’image des terminaisons espagnoles et portoguaises en o/a, facilement remplaçables par le e, le neutre en « i » consiste à rajouter un « i » en fin de mot genré. Il est ici revendiqué comme un accord permettant de désigner les personnes qui ne se reconnaissent pas, pas que, ou imparfaitement dans l’un des 2 précédents, plutôt que comme un neutre englobant (les 2 autres et ce/celleux qu’iels échouent à désigner). Perso, j’ai une préférence pour des accords qui ne prolongent pas la longueur des mots à l’oral, comme le fait l’ajout du « i » après les consonnes. c’est ma seule réticence à ce modèle qui présente, à côté de ça, l’intérêt d’être super accessible.
« On vit dans un monde binaire. La langue française est binaire. Alors comment faire pour lutter contre le masculin-neutre, le masculin qui l’emporte, mais aussi contre la binarité de genre ? Comment s’adresser aux personnes Non-Binaires, Agenres, Neutrois… ? Comment faire pour que nos parlés et nos écrits ne soient plus excluants ni sexistes ? Voici un petit guide qui offre des pistes. À faire circuler et photocopiller à loisirs ! »
pour contacter le collectif : lafabriqueduneutre[at]riseup[point]net
« La typothèque Bye Bye Binary rassemble et diffuse une collection de fontes post-binaires. BBB propose cet espace comme un lieu d’accueil et de diffusion pour ses adelphes dessinateur·ices de caractères désireux·ses de publier leurs fontes. »
Perso, je cherchais des pistes pour des neutres qui se parlent, alors sur ce point-là, les propositions de ByeByeBinary me bottaient pas (en plus, dès qu’ol y a une subtilité informatique, j’ai un mal fou à la lever, alors ça m’a bloqué…) mais quand même, niveau créativité, esthétique et questionnement de nos cadres, ça m’enthousiasme !

Pendant ce temps-là, ailleurs dans le monde…
la forme équivalente à l’écriture inclusive déjà répendue en français, cumulant les terminaisons masculine et féminine séparée d’un point médian (ex : Lehrer.in) semble déjà très répendue en Allemagne. on y trouve aussi des propositions de neutres plus poussées. plus d’info sur pronomen.net
